L'Australie veut interdire l'accès des enfants aux réseaux sociaux

Le gouvernement fédéral australien a annoncé mardi qu'il présenterait cette année une loi interdisant aux enfants d'accéder aux réseaux sociaux. L'âge exact pour l'interdiction reste à déterminer. Le plan, annoncé par le Premier ministre Anthony Albanese, s’inscrit dans la lignée des mesures prises par d’autres gouvernements de la région Asie-Pacifique qui cherchent à contrôler les médias en ligne et les médias sociaux, en particulier. De nombreux habitants de la région craignent que les réseaux sociaux ne provoquent des comportements addictifs, favorisent l’intimidation, les jeux d’argent et la cybercriminalité. Albanese a qualifié de « fléau » l’impact des réseaux sociaux sur les jeunes. Les gouvernements de Malaisie, de Singapour et du Pakistan ont tous tenté de prendre des mesures contre les réseaux sociaux au cours des derniers mois, même si les raisonnements et les méthodes diffèrent. Et, cette semaine, la Malaisie a mis un terme à son projet de rediriger le trafic Internet et de mettre en place un « kill switch ». Interdire aux enfants l’accès aux réseaux sociaux est la politique officielle des deux partis de la coalition au pouvoir (le Parti libéral d’Australie et le Parti national d’Australie) depuis juin.

Albanese a déclaré que le gouvernement envisageait d'introduire un âge minimum de 14 à 16 ans, et qu'il préférait personnellement que 16 ans soit l'âge le plus jeune auquel l'accès à des sites tels qu'Instagram et Tiktok serait autorisé. Le gouvernement fédéral teste actuellement différentes méthodes de vérification de l'âge et décidera de l'âge minimum une fois les tests terminés. Il a déclaré qu'il élaborerait une législation en collaboration avec les États du pays afin d'éviter des différences de réglementation locale. L'État d'Australie-Méridionale, qui comprend Adélaïde, a été le plus actif en la matière et a récemment proposé des règles qui obligeraient les sociétés de réseaux sociaux à interdire les enfants de moins de 13 ans sur leurs sites. « Les données montrent que l’accès précoce aux réseaux sociaux addictifs nuit à nos enfants […] Ce n’est pas différent des cigarettes ou de l’alcool », a déclaré le Premier ministre de l’État d’Australie du Sud, Peter Malinauskas. Les mesures visant à contrôler l’accès aux réseaux sociaux vont certainement rencontrer l’opposition de certains milieux, au motif que ces contrôles risquent de porter atteinte à la vie privée. Il est également peu probable que les fournisseurs de réseaux sociaux soient satisfaits des coûts supplémentaires et de la responsabilité que représente le contrôle des sites, des pages et des publications.

L’Australie a déjà adopté des lois qui n’ont pas plu aux plateformes. L’introduction du News Media Bargaining Code, conçu pour obliger les plateformes à payer les fournisseurs d’informations locales pour leur contenu, a poussé Facebook à se retirer brièvement du pays. Depuis, les plateformes ont largement contourné ce code. Les régulateurs australiens n’ont pas eu la tâche facile pour tenir tête aux entreprises technologiques étrangères. En avril, le commissaire fédéral à la sécurité sur Internet, connu sous le nom de eSafety Commissioner, a demandé le retrait d’une vidéo d’une attaque au couteau dans une église de Sydney, que le gouvernement avait qualifiée d’acte terroriste. Le commissaire a obtenu une injonction temporaire contre X (anciennement Twitter) lorsque la plateforme a refusé de bloquer la vidéo en dehors de l’Australie, mais un tribunal a refusé de prolonger l’interdiction temporaire. Elon Musk, le propriétaire de X, a qualifié la décision du tribunal de victoire pour la liberté d’expression et un Internet ouvert. « Qu’est-ce qui empêcherait un pays de contrôler l’ensemble d’Internet ? », a déclaré Elon Musk sur X. Sa position a indigné Albanese, qui a accusé Elon Musk d’« arrogance », d’agir « au-dessus des lois australiennes » et de ne pas tenir compte d’une position bipartite dans le pays.